« Ça en déroute certains ! » À quoi va ressembler la marche des fiertés sans chars à Paris ? (2024)

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L’Inter-LGBT, qui organise la «pride» dans la capitale, a banni les camions du cortège pour rendre l’événement plus écologique et augmenter sa sécurité.

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ALAIN JOCARD / AFP

L’Inter-LGBT, qui réunit les principales associations LGBT françaises, a annoncé que la marche des fiertés organisée à Paris ce samedi 24juin serait une «marche sans chars» (photo d’illustration à Paris en 2022)

LGBT+ - Des dizaines de camions sur lesquels des DJ haranguent la foule pour défendre les droits LGBT+. Une image qu’on ne retrouvera pour la marche des fiertés parisienne cette année: pour la première fois, les chars ont été bannis du cortège qui battra le pavé entre Nation et République, ce samedi 24juin, derrière le slogan «Depuis 10ans, mariage pour tous, depuis toujours, violences pour tou⋅te⋅s». Une décision annoncée en avril dernier par l’Inter-LGBT, association organisatrice de la marche, qui dit vouloir «décarboner» l’événement et en renforcer sa sécurité.

«Ça en déroute certains! Je reconnais d’ailleurs que j’ai du mal à imaginer à quoi cela va ressembler», n’élude pas Jean-Luc Roméro-Michel, adjoint à la maire (PS) de Paris chargé de la lutte contre les discriminations, résumant pour Le HuffPost la circonspection d’une bonne partie des habitués de la «pride» dans la capitale.

«Ce n’est pas une décision qui va retirer la fête!», rassure tout de go Élisa Koubi, co-présidente de l’Inter-LGBT. «On peut revendiquer et faire la fête sans véhicules motorisés. Avec les matériels de son portatifs, c’est assez facile aujourd’hui, dit-elle au HuffPost. Beaucoup d’associations ont joué le jeu en enregistrant des moyens de locomotion en mobilité douce! Ça permet la créativité, on va voir de belles choses samedi.»

Véhicules à pédales

Sur les 86associations qui ont annoncé leur participation à la marche des fiertés, plusieurs ont opté pour des véhicules à pédales, «tels que des rosalies» – ces quadricycles sur lesquels peuvent parfois s’installer plus de 10personnes –, «des tuk-tuks ou encore des vélos-cargos», explique Élisa Koubi. «Il ne faut pas se dire que c’est la première fois que des gens vont manifester sans chars! C’est le cas de toutes les marches pour le climat ou lors de la mobilisation pour le mariage pour tous il y a 10ans», se remémore-t-elle.

«Une association va aussi proposer une voiturette de golf électrique qui tirera une remorque sur laquelle prendra place un DJ, poursuit la co-présidente. Il y aura aussi des batucadas, des fanfares…» Deux véhicules motorisés seront également mis en place par l’Inter-LGBT: un véhicule au gaz pour permettre aux personnes à mobilité réduite de participer à la marche, et un petit train électrique pour les personnes qui auraient besoin de s’asseoir pendant le défilé.

Enfin, la cagnotte en ligne lancée par l’Inter-LGBT au printemps a permis de financer un véhicule électrique où plusieurs DJ vont se relayer durant tout le parcours.

Aides et SOS hom*ophobie «complètement alignés»

Du côté d’Aides, c’est la solution des tuk-tuks qui a été privilégiée. «Nous avons décoré quatre véhicules électriques équipés d’enceintes qui diffuseront une playlist collaborative, conçue avec nos militantes et militants», indique au HuffPost une porte-parole de l’association de lutte contre le VIH créée par Daniel Defert. «Nous aurons aussi des DJ qui seront présents sur le véhicule financé par la cagnotte», précise-t-il.

«À Aides, nous sommes complètement alignés avec l’Inter-LGBT et nous suivons leur mouvement de décarbonation de la marche des fiertés, poursuit la porte-parole. On se pose néanmoins des questions sur ce que donnera de ce nouveau format, car c’est inédit!» Une décarbonation saluée également par SOS hom*ophobie, qui «comprend tout à fait la volonté de l’Inter-LGBT de faire évoluer la marche des fiertés parisienne», selon son co-président Joël Deumier, joint par Le HuffPost.

«Dans l’application concrète, cela a nécessité pas mal d’imagination pour prévoir autre chose que le traditionnel char motorisé!», souligne le responsable. «Nous avons retenu la solution d’une sono qui sera installée sur une plateforme mobile, actionnée à la force des bras par les bénévoles de SOS hom*ophobie.» L’association a par ailleurs renoncé à la distribution de stickers dans le cortège, et privilégiera les QR-codes aux flyers pour promouvoir – notamment – sa ligne d’écoute.

«Jusqu’à présent, on était sur un dispositif vraiment conséquent avec un semi-remorque», se souvient pour sa part Ivan Guibert, expert «événements et culture» à Amnesty International France. Les prestataires de l’association n’avaient jamais été eu à répondre à une demande de sono sur des vélos: « Il a fallu travailler avec eux pour des systèmes presques sur-mesure, qui sont sans doute un avant-goût de ce à quoi vont ressembler les manifestations festives de demain!»

Résultat, l’ONG de défense des droits humains va embarquer un «sound sytem» sur cinq vélos, le premier équipé d’une régie et les quatre autres d’enceintes. «Le volume sonore sera moindre, mais cela offre plus de possibilités d’échanges et de discussions. C’est probablement quelque chose qui correspond plus aux attentes des associations de faire plus de place à l’aspect militant et revendicatif, et non une Techno Parade bis», souligne Ivan Guibert.

Certaines associations boycottent

Malgré tout, la décision de bannir les chars a conduit certains participants historiques à la marche des fiertés à revoir complètement leur présence dans le cortège. La mairie de Paris, qui avait affrété un bus à impériale pour l’édition 2022de la «pride», ne sera cette année que sur un «point fixe» place de la Bastille, fait savoir Jean-Luc Roméro-Michel. «Nous n’aurons pas de banderole dans la marche en tant que telle, mais nous serons bien évidemment au rendez-vous en distribuant des documents de prévention, des t-shirts, des sacs, des éventails…»

À la Fédération sportive LGBT+, qui regroupe une cinquantaine de clubs à travers la France et dont le char était un incontournable de la marche des fiertés, c’est l’amertume qui prédomine. «La solution que nous avons retenue, c’est le boycott. Il n’y aura pas de banderole de la Fédération sportive LGBT+ cette année», annonce Éric Arassus, son président, au HuffPost. Pour le responsable, qui se montre critique sur le fonctionnement de l’Inter-LGBT, «la décision d’imposer la façon de défiler a clairement démobilisé les bénévoles». «Ça fait mal au cœur.»

Mais du côté de l’Inter-LGBT, le succès de ce nouveau format ne fait guère de doute. «En 2021, dans le contexte de la crise sanitaire, il n’y avait pas de chars mais plutôt de petit* camions. Il y avait beaucoup de monde et cela s’est très bien passé», souligne Élisa Koubi. Pour le bilan de l’édition 2023, rendez-vous samedi soir.

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